Concours scolaire
de la Résistance et de la Déportation.



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2008/2009


Thème national de l'année 2008


"Les enfants et les adolescents
dans
le système concentrationnaire nazi."



Indra Mindren
Collège Fontaine de Monjous - Gradignan
1er prix des collèges de l'académie de Bordeaux


   



1932. Berlin (Allemagne)

Cher journal, cela fait plusieurs mois que je ne t'ai pas donné de nouvelles. Ici, tout change... Adolf Hitler a pris le pouvoir. Et nous sommes obligés de porter cette étoile jaune. A l'école, j'ai une blouse noire. Papa écoute souvent la radio pour savoir ce qui se passe. Il a perdu son travail. Enfin... il a été renvoyé.

Maman, de son côté, en est à ses 6 mois de grossesse. Elle se sent de plus en plus faible.

Aujourd'hui, je suis sortie voir mes amies.

J'ai vu des officiers dans la rue, ils nous ont demandé nos papiers et ont vérifié si nous portions bien l'étoile jaune... La Gestapo nous a fait peur; de plus en plus peur... Nous ne pouvons plus aller au cinéma, à la piscine. Nous ne sommes plus libres de faire ce que l'on veut... Papa m'a dit qu'il fallait être prudents dehors. Mon amie Louise, elle, n'a plus le droit de sortir. On ne se voit plus. Tout devient triste.

Je me demande ce qui va se passer ensuite... La voisine a quitté la ville... Elle devait avoir peur, sans doute...

Dans la rue, c'est de plus en plus désert... Seuls, les officiers de police du service nazi règnent. Les temps changent.

J'ai de plus en plus peur. Maman et Papa parlent de "cachette". Je ne sais pas ce qu'ils mijotent... Ils me disent que, pour l'instant, ça ne me regarde pas.

Papa a entendu à la radio que le pays était réarmé. Il s'inquiète de plus en plus, pour maman, pour moi, pour le bébé.

Les contacts avec l'extérieur sont strictement réglementés. La police surveille les allées et venues des Juifs qui, tous âges confondus, doivent porter des insignes distinctifs. Les Polonais, les Autrichiens sont arrêtés... Je n'ai plus du tout de nouvelles de Louise, j'ai le sentiment effroyable que çà ne va pas très bien de son côté.

1942:

çà y est ! Le cauchemar a commencé. Maman, Papa et moi devons vivre cachés... Nous n'avons presque pas de place et nous vivons dans la hantise. Maman dit que nous risquons d'être dénoncés si quelqu'un nous repère. Jeanne, la jeune Allemande qui nous cache dans sa cave, nous apporte nos repas. Elle sait bien le risque qu'elle court mais elle a dit qu'elle tenait à nous aider... Nous étions sur leurs listes. La peur est omniprésente. Dés que quelqu'un tape à la porte de la maison de Jeanne, le silence règne dans la cave. Si c'est un S.S et qu'il nous trouve, nous sommes finis... Mieux vaut être discrets... Les exécutions d'otages par les Allemands, à la suite des actions de la Résistance, se multiplient . Les pénuries sont très difficiles à surmonter.

18 avril 1942:

Il est 9h43 du matin. Tout le monde se sent faible.

Quelqu'un tape à la porte ! [...]

Je suis dans une salle, enfin, si on peut appeler ça une "salle". Je pleure toutes les larmes de mon corps. Je ne connais personne... Il n'y a que des adolescents de 13 à 18 ans. Nous sommes arrivés ce matin, en train, à Auschwitz. Le voyage était long. L'enfer est là, bien réel. Nous avons été déportés par la Gestapo qui nous a repérés. Nous avons dû prendre des affaires, rapidement, et j'ai réussi à te garder avec moi, cher Journal...

Maman n'est pas avec moi. Ni Papa. Ils nous ont séparés à la gare. Là-bas, ils nous ont ordonné d'enlever nos chaussures et de nous mettre en colonnes par femmes, hommes et enfants...

Les officiers parlent allemand, je ne comprends rien. Il y a juste un homme déporté qui nous a traduit quelques mots...

On peut dire que je n'ai plus d'identité... Je suis un numéro, une plaque... Nous ne sommes plus des hommes, nous ne sommes RIEN.

Des travaux sont imposés aux adultes, pas ou peu rémunérés. Ce n'est toutefois pas le cas des enfants, de notre cas, nous sommes considérés comme "improductifs".

Nous mangeons peu, ou rien. J'ai une gamelle, comme tout le monde, je n'ai plus de chaussures (je dois attendre mercredi prochain pour le "marché à chaussures", où tout le monde se jette vers le tas de souliers pour choisir une paire; il n'y a qu'un choix possible...)

Nous sommes tous maigres, tels des cadavres. Les nazis n'ont aucune pitié.

Je suis terrorisée à l'idée d'être fusillée. Mais peut-être que la FIN est proche... Il y a des kommandos au camp. Certains d'entre nous sont exterminés, gazés...

J'ai entendu dire que les femmes étaient forcées d'avorter, parfois au bout de 9 mois de grossesse et que les nouveaux-nés sont étranglés ou noyés à la naissance. Je pense beaucoup à Papa et à Maman, ils me manquent...

Heureusement que tu es là, je te confie mes peurs, mes angoisses, mes craintes.

Nous sommes 656 enfants et adolescents dans ce camp. Enfin, nous étions, à l'arrivée, et je ne peux pas dire si l'enfant à côté de moi est une fille ou un garçon. Nous n'avons plus de cheveux, ils nous ont rasés... Plus aucune identité... Nous servons de cobaye... Les jeunes filles sont stérilisées aux rayons X.

Il fait froid, très froid. Nous n'avons presque rien sur le dos. Nous ne sommes plus que des sacs d'os. Un nazi a dit que, dans les rues, certains mouraient de faim et on les couvrait de journaux. Puis, les bombardements alliés, de plus en plus fréquents, terrorisent les populations [...]. C'est l'horreur.

Je n'ai plus la force d'écrire, cher Journal; je te laisse. J'espère pouvoir te reparler un jour. De toute façon, je n'ai plus de vie, plus de famille. Je ne suis plus rien dans un monde qui n'est plus rien. La fin est très proche pour moi, cher Journal. Je suis sur la liste des chambres à gaz...

J'espère qu'un jour, une personne, digne de ce monde, te trouvera et montrera la gravité des actes...

Au revoir, cher Journal, tu m'as été d'un Grand Soutien, mais je ne tiens plus

Ilda

Ilda fait partie des 2 millions d'enfants exterminés dans les camps de concentration
Ses parents n'ont pas survécus non plus.
Ilda a été gazée comme beaucoup d'autres. Son journal a été retrouvé plusieurs années après les faits.
Il permet de dénoncer les horreurs commises, pour empêcher que cela se reproduise.
Les parents de Ilda ont été pendus et le bébé a été noyé...

Mindren Indra